Communiqué de presse du 24-01-2025

Paris le 24/01/2025

La consternation des psychiatres des hôpitaux était énorme après la lecture des enquêtes du Monde sur la Psychiatrie Publique en France intitulées « un système au bout du souffle » « leurs paroles n’ont jamais aucun crédit » ou « enquête sur les patients attachés dans les hôpitaux psychiatriques : il y en a combien qui souffrent comme cela depuis des années »

Tels sont les têtes de chapitres de ce triptyque qui stigmatise une profession et qui laisse entendre que les psychiatres publics sont des « bourreaux » ou du moins des « complice de traitements inhumains » …

8000 patients en Iso/Contention sur plus de 350 000 hospitalisés et 2 millions suivis en ambulatoire, c’est déjà beaucoup, mais ces 2,5 % ne résument pas la réalité de la Psychiatrie Publique qui a vu son nombre de lits divisé par 2,5 en 30 ans, ses budgets divisés par 2 et le nombre de psychiatres publics baisser de 30% en 15 ans.

Les psychiatres des hôpitaux ont été à l’avant-garde du parcours de soins grâce à la sectorisation, à la pointe du combat pour la judiciarisation du contrôle des soins sans consentement et à l’humanisation des conditions d’hospitalisation du patient, et cela depuis plus de 50 ans.

Mais cet éclairage déformant de notre réalité feint d’ignorer que la psychiatrie publique est la seule discipline médicale qui, dans la Loi et cela depuis 1838, peut restreindre la première liberté constitutionnelle, celle de circuler librement.

Les soins sans consentement des personnes « dont les troubles psychiques présentent un danger pour l’ordre public et la sûreté des personnes » représente une des missions de la psychiatrie publique ; personne dont les facultés de jugement et de discernement sont altérées ou abolies pendant la phase aigüe de leurs troubles. Cette phase est très souvent accompagnée ou associée à des troubles majeurs du comportement et /ou à la consommation massive d’alcool ou de produits toxiques (crack, cocaïne, héroïne…).

Dans ce contexte de prise en charge des situations d’urgence et de crise, avec des moyens réduits, parfois sous les menaces ou les insultes, les psychiatres des hôpitaux cherchent toujours à trouver le meilleur équilibre entre sécurité et liberté, entre protection de la personne ou d’autrui et respect des droits et bienveillance de la personne en soins. C’est un équilibre difficile dont les contours sont régulièrement mouvants et qui sont à construire et reconstruire chaque jour.

Stigmatiser ainsi notre discipline et ses professionnels ne pourra que porter davantage de discrédit à la Psychiatrie publique, faire fuir les jeunes collègues qui songent à s’y engager et, in fine, dégrader davantage la qualité des soins psychiatriques de nos concitoyens.

Pour l’intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP)
N.Skurnik

Pour le syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep),
M.Triantafyllou

Où ce gouvernement mène-t-il la psychiatrie publique ? 14-11-2024

Communiqué intersyndical du 14 novembre 2024

Beaucoup de soignant.es répondent : dans le mur ! C’est ce qui se produit dans bien des lieux de soins de la psychiatrie publique aujourd’hui, faute de psychiatres ou d’infirmiers.

Suite aux annonces du Premier ministre Monsieur Barnier, Madame Darrieussecq, ministre de la Santé, annonce 100 millions pour la psychiatrie. Cela fait beaucoup d’argent ? Non, car l’élargissement du dispositif Monsoutienpsy, la création de dizaines de maisons des adolescents, l’extension du dispositif Vigilans, qui sont les mesures attendues, nécessiteraient pas moins de dix fois plus. Et, surtout,qu’en est-il du maintien des activités de soins dans nombre d’hôpitaux de jour accueillant des centaines d’usagers pour qui cette offre de soins permet le maintien dans la vie sociale et la réhabilitation ? Qu’en est-il pour ces patients reclus chez eux, décompensant une psychose ou en dépression, ne pouvant être accueillis en CMP faute de consultation ou impossibles à hospitaliser faute de place ? Il est grand temps de prendre le problème au sérieux : faire revenir les psychiatres et les infirmiers dans les services de soins de la psychiatrie publique doit être une réelle priorité.

Alors, vraiment, Monsieur Barnier, Madame Darrieusecq, cessez de vous payer de mots !

Ne voulez vous que des services fermés de patients en soins sans consentements où l’isolement et la contention seront la règle ? Probablement non.

Vous prônez la déstigmatisation, mais la communication sur la santé mentale ne suffit pas ! Elle permet surtout de ne pas de soigner.

Nous vous demandons solennellement de nous donner les moyens de soigner les patients qui en ont besoin.

Pour cela, nous demandons :

La psychiatrie de secteur comme modèle d’organisation de la psychiatrie publique, permettant l’accès, la proximité et la continuité des soins. L’équipe pluriprofessionnelle constitue la réponse aux besoins d’une population donnée sans discrimination d’âge, de diagnostic, de provenance ou de situation sociale.

Le retour à un financement en dotation géo-populationnelle avec un équilibre entre les régions et à l’intérieur des régions. La fin des financements spécifiques et non pérennes (FIOP, article 51), mettant les équipes de soins dans la course à l’échalotte et instituant une compétition entre entre les secteurs.

Le soutien des dispositifs soignants et des équipes par les directions et les ARS. Pour la pédopsychiatrie, la possibilité d’accueillir les enfants et leurs familles sans injonctions thérapeutiques qui confortent les illusions des méthodes neuroscientistes, la possibilité de collaboration avec le médico-social et la protection de l’enfance et la possibilité d’un travail en réseau avec les partenaires sociaux de l’éducation nationale et de la justice, absolument nécessaires.

Charles-Olivier PONS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)

Norbert SKURNIK
Président par intérim de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)

Marie-José CORTES
Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)

Michel TRIANTAFYLLOU
Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)

Où ce gouvernement mène-t-il la psychiatrie publique ? 13-11-2024

Communiqué intersyndical du 13 novembre 2024

Alors que le gouvernement a décidé que la santé mentale serait la Grande Cause Nationale 2025, des Présidents de Conseil de surveillance d’EPSM ont décidé d’alerter ce même gouvernement sur la situation très préoccupante de la psychiatrie publique.

Nous professionnels et usagers de la psychiatrie, soutenons pleinement cette démarche car aujourd’hui la priorité est d’assurer les soins de proximité et de soutenir tant la psychiatrie adulte que la psychiatrie des enfants et des adolescents.

Sans un soutien affirmé des établissements publics de santé qui ont une autorisation en psychiatrie, l’accès aux soins psychiatriques de nos concitoyens continuera à être de plus en plus difficile et des territoires entiers n’auront plus d’offre de proximité.

Nous espérons que ces Présidents de Conseil de surveillance, de toute obédience politique, seront entendus. L’avenir de la psychiatrie publique en dépend.

Marie-José CORTES
Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)

Claude FINKELSTEIN
Présidente de la Fédération Nationale des Associations d’usagers en Psychiatrie (FNAPSY)

Marie-Noëlle PETIT
Présidente de l’association nationnale des psychiatres
President et vice président de commission Médicales d’Etablissements des Centres Hospitaliers (ANPCME)

Charles-Olivier PONS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)

Christophe SCHMITT
Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Établissement de Centres Hospitaliers Spécialisés

Norbert SKURNIK
Président par intérim de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)

Michel TRIANTAFYLLOU
Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)
Association Nationale des Psychiatres Présidents et Vice-Présidents

Santé Mentale Grande Cause Nationale 2025 – Pour un soutien fort aux soins psychiatriques de proximité

Paris, le 25/09/2024

COMMUNIQUÉ DE PRESSE INTERSYNDICAL

La Santé mentale comme grande cause nationale 2025, annoncée par le Premier Ministre ce 22 septembre, ne peut que réjouir les acteurs de terrain que nous sommes.

Toutefois nous souhaitons que la dimension des soins psychiatriques ne soit pas oubliée dans le cadre de cette grande priorité nationale. En effet la situation des établissements publics autorisés en psychiatrie ne fait que se dégrader depuis la crise COVID en lien avec des problèmes de démographie médicale et soignante sans précédents.

Nous rappelons à ce propos les deux axes majeurs que nous avons identifiés :

1/ Offrir à tous un accès à des soins de proximité de façon aussi égale et équitable que possible ce qui implique d’améliorer l’accès aux Centres Médico-Psychologiques ainsi que la gestion des soins non programmés et l’articulation avec les services d’urgence tant pour la psychiatrie adulte que pour la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

2/ Mettre l’accent sur les soins pour les adultes et les mineurs les plus fragiles et présentant les troubles les plus sévères afin d’éviter les ruptures de soins. Cela implique le renforcement des moyens humains pour l’ensemble des services de psychiatrie sectorisés en diversifiant les professionnels qui y travaillent et en ayant une véritable réflexion sur l’attractivité de notre discipline et plus généralement celle de l’hôpital public.

C’est pourquoi nous souhaitons pouvoir rapidement rencontrer Mme Darrieussecq, Ministre de la Santé, afin de lui présenter notre analyse de la situation et nos propositions.

Marie-José CORTES
Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)

Claude FINKELSTEIN
Présidente de la Fédération Nationale des Associations d’usagers en Psychiatrie (FNAPSY)

Pascale GIRAVALLI
Présidente de l’Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP)

Thierry GODEAU
Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Établissement de Centres Hospitaliers

Catherine LACOUR- GONAY
Présidente de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et Disciplines Associées (SFPEADA)

Jean-Paul LANQUETIN
Président d’honneur de l’Association pour le Développement de la Recherche en soins en Psychiatrie (ADRPsy)

Christophe LIBERT
Président de l’Association des Psychiatres Infanto-juvéniles de secteur sanitaire et médico-social (API)

Pascal MARIOTTI
Président de l’Association des Établissements du service public de Santé Mentale (AdESM)

Brice MARTIN
Président de la Fédération Française de Psychiatrie (FFP)

Gladys MONDIERE
Présidente de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP)

Annick PERRIN-NIQUET
Présidente du Comité d’Etudes des Formations Infirmières et des Pratiques en Psychiatrie (CEFI- Psy)

Marie-Noëlle PETIT
Présidente de l’Association Nationale des Psychiatres Présidents et Vice-Présidents de la Commissions Médicales d’Etablissements des Centres Hospitaliers (ANPCME)

Charles-Olivier PONS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)

Christophe SCHMITT
Président de la Conférence nationale des Présidents de Commissions Médicales d’Établissement de Centres Hospitaliers Spécialisés

Norbert SKURNIK
Président par intérim de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)

Olivier TELLIER
Président de l’Association Française des Unités pour Malades Difficiles (UMD)

Michel TRIANTAFYLLOU
Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)

 

Santé Mentale Grande Cause Nationale 2025 – Pour un soutien fort à la Psychiatrie Publique

Paris, le 25/09/2024

COMMUNIQUÉ DE PRESSE INTERSYNDICAL

L’annonce faite par le Premier Ministre le dimanche 22 septembre 2024 d’ériger la Santé Mentale comme grande cause nationale ne peut que nous réjouir.

À cette occasion, nous tenons à rappeler que la Psychiatrie Publique de secteur, qui soigne plus de 2 millions de nos concitoyens, ne doit pas être diluée dans le champ de la santé mentale et se trouver oubliée de cette grande priorité nationale. En effet la démographie médicale et soignante est dans un état catastrophique et les établissements publics de santé mentale sont dans un état de dépérissement avancé.

Nous demandons ainsi :
– Un accès aux Centres Médico-Psychologiques adultes et enfants de qualité sans entrave lié l’absence de moyens ou d’investissement.
– Un renforcement considérable des moyens humains de la Psychiatrie Publique de secteur et une meilleure attractivité de carrière et de rémunération pour stopper l’hémorragie des professionnels.
– Des conditions d’accueil dignes aux urgences des SAU et l’augmentation des lits disponibles en hospitalisation pour désengorger les Urgences.
– Des actions volontaristes à destination des personnes en situation d’exclusion (jeunes, âgées ou précaires) dont les parcours sont complexes et l’accès aux soins psychiatriques extrêmement difficile

C’est pourquoi les organisations signataires souhaitent rencontrer rapidement Madame DARRIEUSSECQ , Ministre de la Santé, afin d’établir ensemble un projet et un calendrier de sauvetage de la Psychiatrie Publique.

Norbert SKURNIK
Président de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)

Michel TRIANTAFYLLOU
Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)

Marie-José CORTÈS
Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)

Charles Olivier PONS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)

Maladie mentale et actes terroristes : la tentation des amalgames ?

Paris, le 05/12/2023

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Nous partageons l’émotion suscitée au sein de la population et nous comprenons les préoccupations face au phénomène de radicalisation à l’origine des actes terroristes.

Face à cette horreur, la tentation est grande de donner à penser que nous pourrions avoir prise sur une part de ses causalités en suggérant que ces actes de violence extrêmes pourraient relever, pour partie, d’une pathologie psychiatrique : un tiers de ces personnes, avance-t-on, présenteraient des troubles psychologiques… Le Ministre de l’intérieur vient d’annoncer le chiffre de 20 %. Mais selon quels critères, quelles études épidémiologiques ? Selon toutes les études internationales, la prévalence des troubles psychiatriques parmi les sujets radicalisés et commettant des actes terroristes est d’environ 5 à 6 %. Selon les données communiquées par l’administration pénitentiaire en 2022, seulement 8 % des personnes incarcérées pour des faits de terrorisme présentent des troubles psychiatriques.

Toutefois certains éléments du discours du Ministre de l’Intérieur nous préoccupent et nous inquiètent : selon ses propos « il y a un ratage manifestement psychiatrique dans le suivi de l’auteur de l’attentat mortel de samedi dernier à Paris … » et il envisage « qu’il faudrait sans doute faire une injonction administrative » pour ces cas.

Pour rappel, les autorités qui suivent les personnes radicalisées disposent depuis des années d’un accès aux dossiers d’hospitalisation sans consentement en psychiatrie et le Représentant de l’État dispose déjà de la possibilité de prononcer une hospitalisation sans son consentement d’une personne pour trouble de l’ordre public.

Ainsi, Monsieur le Ministre, associer les troubles psychiatriques aux actes terroristes est pour le moins hasardeux !

Ce glissement sémantique peut induire implicitement une confusion entre délinquance et maladie mentale, soins psychiatriques, incarcération et injonction administrative et risque d’aggraver la stigmatisation des malades que nous soignons.

Qu’est-ce qui a prévalu chez cet assaillant ? : L’idéologie djihadiste, l’influençabilité de l’auteur ou une pathologie mentale ?

Comme à chaque fois que se produit un grave passage à l’acte de la part d’une personne radicalisée, la Psychiatrie est directement mise en cause et même rendue responsable dans le discours officiel et médiatique.

Comme à chaque fois l’émotion collective appelle à l’impossible anticipation de ces passages à l’acte et à toujours plus de contraintes légales et administratives.

La question du passage à l’acte et des états dangereux fait partie de la clinique psychiatrique et des actions préventives et thérapeutiques des Psychiatres des Établissements Publics qui y sont quotidiennement confrontés et auxquels ils sont constamment attentifs.

Les nouvelles formes de rupture de radicalisation et de violences de masse nécessitent sans aucun doute de larges concertations pluri-professionnelles au sein desquelles pédopsychiatres et psychiatres auront toute leur place, mais rien que leur place, pour poser un diagnostic, évaluer, comprendre, soigner, accompagner et réinsérer.

Rappelons de surcroit que la psychiatrie publique a subi pendant trois décennies des baisses budgétaires majeures la laissant dans un état d’abandon et de grande fragilité, particulièrement concernant la clinique quotidienne des patients les plus difficiles.

Norbert SKURNIK
Président de l’Intersyndicale de la Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)

Michel TRIANTAFYLLOU
Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)

Marie-José CORTÈS
Présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)

Charles Olivier PONS
Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)